Résidence d'artiste au lycée Bossuet de Condom
Lycée Bossuet
Tout près du centre-ville de Condom, sous-préfecture de 7 555 habitants située au nord du Gers, bâti sur un promontoire surplombant la Baïse, le lycée Bossuet, pourvu d’une section Arts plastiques, est un pôle culturel important, renforcé par de récents partenariats avec le FRAC Midi-Pyrénées et le musée des Abattoirs à Toulouse.
Le bâtiment originel fut édifié en 1723 par Louis de Milon, évêque de Condom, pour y abriter un séminaire. Devenu bien national en 1790, il retrouve sa vocation éducative en 1808, date à laquelle des Ursulines y installent un couvent et une école de jeunes filles. Pendant près d’un siècle, jusqu’aux lois de laïcité de 1905, elles développent, modernisent, améliorent les constructions existantes et donnent au lieu l’essentiel de sa configuration actuelle.
En quittant la cour d’honneur côté nord, on accède à une autre cour et l’on découvre une courte allée de platanes qui débouche à l’est sur un vaste espace plus prairie que pelouse, surplombé au fond par un château d’eau hexagonal, bâti sur des arcades. Sa silhouette élégante nous rappelle qu’autrefois les « ouvrages d’art » étaient de l’art… C’est l’œuvre des religieuses qui, dans la seconde moitié du XIXe siècle, installèrent l’eau courante dans toutes les parties du bâtiment. Le témoignage émouvant de leur présence se trouve un peu plus loin, dans le petit cimetière qui réunit leurs dépouilles.
Carl Hurtin
Vit et travaille à Mondavezan (Haute-Garonne).
Vendéen d’origine, Carl Hurtin a eu une jeunesse voyageuse, découvrant le monde à l’âge où on l’apprend dans les livres. Plus tard il intègre les Beaux-arts, tout en étudiant à l’université la philosophie et la sociologie. Il s’installe ensuite au sud de Toulouse pour y créer son atelier, et aussi son jardin. Il commence à exposer, tout en travaillant dans un centre d’art. Il rejoint en 2010 l’équipe enseignante de l’Ecole d’architecture et trouve là de quoi parfaire la cohérence de sa démarche, où la mise en espace, la saisie intuitive d’un lieu jouent un rôle central.
Son travail (performances, installations, vidéos…) vise à recomposer le réel pour en faire autre chose qu’un simple objet de consommation.
Au lycée Bossuet, impossible d’ignorer le passé : les murs à eux seuls proclament le défilé des siècles mais aussi murmurent tout bas. Carl Hurtin a tendu l’oreille et saisi d’emblée la mémoire du lieu qu’il a souhaité réactiver à travers ses occupants actuels.
Pour capturer les fantômes du passé, un outil : la vidéo. Des jeunes filles, coiffées d’une guimpe, d’un léger mouvement de la main nous font signe derrière les vitres. Les images créent un jeu de miroirs, véritable invite au regard rétrospectif sur la vie recluse, rythmée par un rituel salvateur composé à partir des textes écrits par les Ursulines.
C’est une symphonie en noir et blanc : noir des voiles, blancheur des guimpes. Blanc et Noir de la chorégraphie évoquant les rituels du lever et du coucher. Et, fraîchement repeinte en blanc, la vieille Diane posée sur l’herbe ayant perdu son « Y » gagne l’aura mythologique de la vierge chasseresse.
A quelques pas, le petit cimetière des religieuses est devenu jardin.