Cassandre Cecchella au village de Ligardes
Le village de Ligardes
À la croisée des chemins et dominant les collines alentour, le village de Ligardes (Las Guardes) a été édifié le long d’un chemin de crête. Datant du Moyen Age, il prend l’appellation castelnau du fait de son enceinte fortifiée. Il subsiste deux portes : l’une au nord sert de porche à l’église, l’autre à l’ouest fait la jonction entre le château et le village.
Son église sous le patronage de Saint Hilaire date du XIIIe siècle, le mur nord servant de rempart. L’entrée de l’église se fait par un élégant portail gothique. Son clocher de forme rectangulaire fait corps avec la façade et comporte deux cloches abritées sous un toit de tuiles. Un porche pouvant servir d’abri est adossé à la façade de l’église.
Néanmoins, du fait de son implantation, l’église constituait un poste de défense, son clocher servant probablement de vigie. En effet, le territoire de la Gascogne faisant l’objet d’incessants va-et-vient entre le roi d’Angleterre, duc d’Aquitaine et le roi de France durant la guerre de Cent Ans, il y régnait un climat d’insécurité permanent.
En contre-bas du village, une fontaine du roi*, alimentait un lavoir (aujourd’hui disparu). Une croix de mission* en fer forgé datant de 1856, fait face à une imposante tour carrée en pierre calcaire du XIXe siècle, ancien pigeonnier de type gascon. Fraichement restaurée, elle a vocation à devenir un lieu touristique.
Ligardes, fait partie d’un territoire vallonné entre montagne et plaine d’où, au détour d’un chemin on peut apercevoir les Pyrénées et ressentir une émotion toujours renouvelée. Le ciel à l’ouest, apportant son lot de nuages, nous rappelle que l’Atlantique est tout proche.
*Croix de mission : après la tourmente révolutionnaire, des missionnaires allaient dans les paroisses afin de restaurer la pratique religieuse, ce qui donnait lieu à l’implantation de croix.
*Fontaine du Roi : le roi s’y étant désaltéré, elle a pris la dénomination de « fontaine du roi ».
Cassandre Cecchella
Diplômée d’un DNSEP (Bac +5) option Art, en 2018, de l’Ecole Supérieure d’Art Pyrénées, site de Tarbes avec les félicitations du jury. Cassandre Cecchella est peintre. Elle participe, lors de ses études, à des expositions collectives comme à la galerie LATUVU, au VRAC de Millau ... En 2019, elle sera la première lauréate du prix du centre d'Art Chasse-Spleen qui lui permettra d'obtenir deux expositions à Bordeaux, de rentrer dans la collection du centre d'Art Chasse-Spleen ainsi que du FRAC Méca, Nouvelle-Aquitaine. En 2020, elle participe aux programmes de résidence "post-production" Aux Maisons Daura et à une résidence hors les murs dans le cadre de AFIAC.
Comme les impressionnistes des bords de Seine qui peignaient sur le motif, Cassandre Cecchella stationne sur la bande d’arrêt d’urgence d’une autoroute et fixe sur la toile ces paysages contemporains où l’urbanisme vient dialoguer avec le végétal. « C’est en regardant à travers le prisme du quotidien que j’ai appris à comprendre la peinture.
À comprendre comment la construire, comment lui donner des couleurs… ». Ces peintures parlent de promenade, de rencontre, de traversée, de voyage.
« Parler de cette nature contemporaine, symbole d’un paysage en mutation lequel agit comme un révélateur de ce quotidien en perpétuel mouvement.»
Les surprises
« J’ai observé ces voitures, qui dans leurs circulations quotidiennes, caressent Ligardes mais ne peuvent, entièrement, la pénétrer. Son corps, son cœur de village se veut piéton et donc humain. Ce que j’ai pu ressentir en déambulant dans ces rues pavées, c’est cette rencontre avec une architecture, un paysage, une énergie que je souhaite ré-observer avec les habitants. Apprendre à «re-garder» le déjà vu... là où il n’y a rien de spécial à voir, il y a tout à regarder. Grâce aux Chemins d’Art en Armagnac, je souhaite profiter de Ligardes pour découvrir de nouveaux paysages avec leurs spécificités de formes et de couleurs. Je souhaite aussi faire intervenir ses habitants in situ mais aussi ceux des alentours pour leur donner à observer, redécouvrir ce village différemment. Une idée de contemplation, de déambulation mais aussi de conquête et d’exploration. Car, selon moi, les structures paysagères (naturelles ou manufacturées) qui nous entourent ne sont pas là que pour nous permettre une circulation quotidienne, elles sont aussi présentes pour témoigner d’une époque et révélatrices de nos émotions, de nos ressentis, de nos envies.
Je vais donc venir peindre d’après motifs, directement sur le paysage, avec comme support du plexiglass. Comme un chasseur à l’écoute de sa proie, je vais venir chercher, pour capturer des paysages. Je vais marcher pour découvrir, pour faire émerger... Cette importance d’aller sur le terrain pour voir, pour rencontrer a de l’importance car elle permet de mieux appréhender, comprendre les couleurs, les motifs et la lumière qui nous entourent. »