Conférence d'Elena Chamorro à la Médiathèque de Condom

Elena Chamorro est professeure agrégée d’espagnol, enseignante à l’Université d’Aix Marseille. À partir de l’âge de 26 ans, elle va vivre avec un handicap moteur.

Elle se situe comme militante active contre le validisme. Proposons ici une définition du validime, à l’appui de Fiona Campbell, qu’elle cite :

« Un réseau de croyances, de processus et de pratiques qui produit un type particulier de soi et de corps (norme physique) et le projette comme parfait, spécifique à l’espèce, et donc essentiel et complètement humain. Le handicap est alors un état inférieur de l’être humain ».

Elle est également cofondatrice du CLHEE (Collectif Lutte et Handicaps pour l’Egalité et l’Emancipation) en avril 2016, qu’elle définit comme suit : « Le CLHEE est au départ un groupe d’activistes directement concernés par le handicap moteur mais qui est ouvert à des personnes ayant tous types de handicaps, visibles ou non. ».

Lecture à rebours sur la vie et l'oeuvre de Frida Khalo

Elena Chamorro s’est intéressée à la figure de Frida Kahlo.

Elle montre, à l’appui d’ouvrages biographiques et d’articles consacrés à l’artiste, que ces approches présentent des « biais validistes », voire sexistes. Dès lors, Frida Kahlo, en tant qu’artiste, en tant que femme, se trouve délégitimée. D’autre part, toute la dimension politique tant de sa vie que de son œuvre s’en voit édulcorée ou effacée.

Face à ce qu’elle appelle des « récits hégémoniques », elle mobilise les savoirs de la communauté handie afin de « proposer de possibles contre-lectures ».

Son intervention a été complétée par des lectures de lettres inédites de Frida Khalo par Michelle Tattersall des Voix Plurielles et des questions ouvertes par Noëlle Portets, philosophe.

La salle de la Médiathèque était presque trop petite pour accueillir le public très nombreux attiré par cette artiste icône de l’art mexicain.

Le développement du point de vue antivalidiste d’Elena Chamorro a parfois surpris voire décontenancé certaines personnes mais son choix de références historiques (lettres, extraits d’analyse de J.M.G Le Clézio ou de l’anthropologue Charles Gardou) présentent un grand intérêt. Les questions posées à l’issue de cette conférence témoignent de ce ressenti du public.

 

Vue de l'assistance
Jo présente Noëlle Portets et Michelle Tattersall

Quelques oeuvres de Frida Khalo

La colonne brisée 1944
Le cerf blessé 1946
Le marxisme donnera la santé aux malades 1954

La presse en parle :

Les Chemins d’art en Armagnac viennent de proposer une conférence sur Frida Kahlo, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Elena Chamorro, venue parler du handicap et du validisme, et Michèle, de l’association Voies plurielles, proposant des lectures inédites de Frida, ont eu de nombreux auditeurs. Frida, atteinte de poliomyélite et victime d’un grave accident se peignait elle-même : « Je ne me peins pas en rêve, je peins la réalité ». Malgré son handicap, elle incarne la persévérance et le courage, questionnant le quotidien et offrant de nombreuses leçons de vie. Face au validisme — jugement porté sur le handicap — l’art devient son refuge, la pousse à être heureuse. Elle vit entre monde public et monde privé, marquée par la douleur qu’elle exprime dans ses oeuvres. Les Chemins d’art tiendront un nouveau moment de partage le 26 avril à la salle des associations en vue de la médiation. Prochaine édition à Gazaupouy, Moulin de Moussaron, Flarambel, et Condom (à la salle des illustres), du 23 mai au 22 juin.
Jeanine Quemener – La Dépêche – 12/03/2025